• Toutes les semaines, on entend parler d’un aliment dont la consommation risque d’être perturbée, voire même menacée. Les bananes, le chocolat, les amandes et le prosecco figurent parmi les aliments en voie de disparition, mais qu’en est-il vraiment?

    Le phénomène n’est pas nouveau. Chaque année, selon la température, le rendement des principales cultures varie. Suivant la logique du principe de l’offre et de la demande, les prix augmentent. On a pu être témoins de cette situation avec les oranges de la Floride dont les cultures peuvent facilement être affectées par des épisodes de froid. Le coût plus élevé pour les grossistes en témoigne désormais. Les détaillants relèguent donc la facture directement aux consommateurs.

    L’histoire des bananes

    S’il y a bien un aliment qui fait partie intégrante du petit déjeuner, c’est bien la banane. Elles sont accessibles en raison de leur faible coût d’achat. Il y a plus de 1000 variétés de bananes. La plus populaire ? La célèbre banane jaune (banane Cavendish) communément retrouvée dans les supermarchés. Cependant, ça n’a pas toujours été le cas. Avant 1965, la variété Gros Michel était la plus consommée. Toutefois, ce cultivar a été complètement dissipé en raison de la maladie de Panama, aussi appelée la fusariose du bananier, un champignon qui a affecté la culture de la Gros Michel en Amérique Centrale.

    La menace des maladies

    Aujourd’hui, la grande exploitation de la banane et certaines maladies menacent encore les cultures. Lorsqu’une maladie de la sorte se présente, l’une des méthodes de lutte consiste à détruire systématiquement et immédiatement les plantes malades et, par la suite, planter des variétés résistantes. C’est ce qui fait peur actuellement. La Cavendish est une monoculture et on la retrouve partout dans le monde. Elle compte à elle seule presque la totalité des exportations, c’est pourquoi on prend très au sérieux la présente menace. À ce jour, la maladie de Panama pourrait menacer les cultures de la célèbre banane jaune. Le champignon, désormais nommé Tropical Race 4 (TR4), a déjà été retrouvé en Malaisie, en Australie et en Afrique. Il se pourrait donc qu’on assiste à l’extinction de la banane jaune si rien n’est fait pour contrer le TR4.

    L’amour pour le chocolat

    Comme plusieurs, je ne pourrais vivre dans un monde sans chocolat. Cependant, depuis quelques années, la consommation de cacao est plus grande que la production. L’offre peine donc à suivre la demande. Le chocolat n’est pas menacé en soi, mais son coût pourrait grimper et en faire un produit de luxe.

    On assiste également à d’importants bouleversements : moins de terres sont dédiées à la culture du cacao, car on préfère cultiver le maïs et même le caoutchouc ! De plus, les pays en voie de développement ont découvert – et raffolent – du chocolat, ce qui accroît la demande. La culture du cacao est aussi très vulnérable et peut facilement être affecté par les sécheresses. De 1993 à 2007, le prix du cacao a augmenté de 87 %. Ouf ! C’est inquiétant de voir à quel point les prix grimpent continuellement.

    Une nouvelle variété de fèves de cacao?

    Pour contrer cette situation, des chercheurs s’affairent à créer une nouvelle variété de fèves de cacao qui serait résistante aux maladies en plus d’être très goûteuse. Le défi : le goût. Ça prend du temps! En effet, le cacaoyer a une croissance lente et, contrairement au maïs où on peut cultiver 3 générations dans la même année, il faudra compter un minimum de 2 ans avant de voir les premières fèves de cacao pousser.

    Le secteur agroalimentaire en changements

    Ainsi, l’alimentation sera confrontée à plusieurs bouleversements dans les prochaines années, surtout en raison de la démographie et des changements climatiques. De surcroit, la demande élevée pour des produits de niche et la présence de maladies qui nuisent aux rendements sont aussi responsables des changements. Dans certains cas, l’issue est incertaine, et il faudra peut-être débourser beaucoup plus de sous pour manger des aliments tels que la banane et le chocolat.